Le 25 mars 2011 Fayçal Baghriche s'est rendu àl'université de Paris 8 où nous avons pu le rencontrer. C'est un artiste plasticien né en 1972 en algérie. Il est diplomé de la Villa Arson (1997). Très impliqué dans la vie artistique parisienne depuis 2002, il participe à l'ouverture de la résidence d'artiste indépendante la Villa du Lavoir. Il crée en 2006, avec Vincent Ganivet, Matthieu Clainchard et Dorothée Dupuis, "Le Commissariat", une structure curatoriale proposant expositions en France et à l'étranger.
Son travail est très hétéroclite. Il passe du poster à l'installation, de l'assemblage à la performance. A l'intérieur de ce dernier, emerge une préoccupation du champs social et pas seulement esthétique. Il voit l'art comme une opportunité de parler de sa propre situation avec peu de moyens. C'est pour cela qu'il commence par la performance.
Cela me rappelle les propos de Kimiko Yoshida qui nous disait qu'elle faisait des autoportraits par facilité: elle vivait avec son corps qui était alors un "moyen sans moyens".
Cependant, les explications de son travail qu'il nous a fournies durant cette intervention ne sont pas toujours présentes ou explicites lors des expositions et je trouve cela un peu dommage. Les fait que ces oeuyvres aient un message propre et que cela ne soit pas tout le temps accessible, même si ce sont ses idées personnelles, est décevant. Je pense que son travail perd de son sens et parfois en qualité à cause de cela. Encore une fois, cela reste mon point de vue.
Dans un second temps, j'ai trouvé qu'il y avait une certaine dualité dans ses propos.
En effet, à l'écoute il semble être une personne tout à fait humble , il dit lui-même "ne pas faire grand-chose" dans la réalisation de quelques unes de ses oeuvres et revendique le fait qu'il ne vient pas d'un milieu aisé.
Mais d'autre part, il cite des artistes mondialement connus auxquels il se compare parfois.
Il a repris Le Saut dans le vide d'Yves Klein, qui à ses yeux est comme le manifeste d'un certain processus de disparition. Plus précisément, il efface Klein de la photographie. A mes yeux, un geste fort. Un photomontage d'un photomontage. Il fait donc exactement la même chose que lui.
Ensuite il compare son travail sur les autocuiseurs en porcelaine Wapok à celui de Koons: "c'est vrai que ça fait penser au travail de Jeff Koons sur la nourriture", comme si quelqu'un lui avait fait la remarque, ce qui n'est pas le cas. Ici, il s'autocompare à Koons.
Enfin, et pour finir avec les comparaisons, dans Point, ligne, particules il dit s'inspirer de l'écrit de Kandinsky Point, ligne sur plan. Ici la référence est particulièrement visible et revendiquée. Kandinsky a fait un livre, il en a fait une performance.
Je ne sais pas vraiment si ces références et comparaisons sont anodines ou si cela est un moyen de se justifier lui-même, de se mettre en quelque sorte dans la lignée de ces artistes célèbres ou encore un moyen d'afficher sa culture artistique, un peu à la manière de Kimiko Yoshida encore une fois, qui met des références artistiques dans presque tous les titres de ses oeuvres.
De surcroît, sur une intervention de 2h30, il nous a présenté son travail sur un peu plus de 1h30, puis, après une pause, a enfin répondu aux questions. Seulement, une trentaine de minutes n'a à mon avis pas suffit à créer un débat et n'a pas permis à tout le monde de poser ses questions, moi la première malgré le fait que j'ai réussi à en poser deux ou trois. Est-ce une faute d'inattention ou est-il fermé ou du moins rétiscent au dialogue / débat? Je me pose sincérement la question.